A PROPOS DE SEAMEN’S CLUB
Cédric Mal est critique, directeur de la publication du Blog documentaire
Propos recueillis par Cédric Mal – Mai 2013
Cédric Mal : Comment vous est venue l’idée de vous intéresser aux Seamen’s Club ? Qu’est-ce qui vous a intéressé chez ces marins au long cours ?
Marc Picavez : J’ai effectué une résidence à Saint-Nazaire en 2008 grâce au Centre de Culture Populaire, et quand j’ai commencé à arpenter le port, j’ai été frappé par les silhouettes de jeunes hommes sur les ponts d’immenses bateaux. Je ne pouvais pas y accéder, je ne pouvais pas franchir les grilles qui me séparaient d’eux, et cette étrange sensation d’apercevoir des marins du même âge que moi sans pouvoir leur parler m’a troublé. Eux ne parlent pas un mot de français, ne disposent d’aucune liberté sur ce territoire parce qu’ils sont enfermés dans un environnement clos. J’ai vraiment eu envie d’en savoir plus sur eux. D’où viennent-ils ? Quel est leur univers, professionnel mais aussi intime ? Qu’est-ce qui les amène ici ? Je me suis interrogé sur leurs destins. En effectuant des recherches sur Internet, le mot « Seamen’s Club » est apparu. J’ai trouvé une adresse à Donges et je m’y suis rendu. Entre temps, j’ai rencontré l’aumônier du port, un prêtre jésuite qui visite les bateaux sans le support des seamen’s club. Il offre notamment son ordinateur et sa connexion Internet aux marins et leur propose de communiquer avec leurs familles. Il m’a conseillé d’aller à La Rochelle, dans les seamen’s club là aussi situés sur les docks. Là-bas, en discutant avec les marins, je me suis rendu compte qu’il fallait que je vive le temps de la mer. J’ai donc cherché à embarquer, et cela a donné un premier film, Le monde est derrière nous.
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